Mais qui est donc Nina d'İstanbul ?
Nina est tout simplement le nom de l'héroïne de mes albums jeunesse, écrits et illustrés par moi même, Sabine Buchmann qui suis peintre miniaturiste exposant depuis 1996 en Turquie comme en France mes miniatures.
Lorsque j’étais enfant, je passais tous les matins devant un tableau aux immenses nénuphars peints par une certaine Eugénie Buchmann, la grand-mère de mon père. Ce papa là était un de ces expatriés que l’on nomme les pieds noirs. Eugénie une Alsacienne partie en Algérie, laissa quelques "traces d’huile sur terre". C’est peut-être pour cela que lorsque des générations plus tard je me suis moi même expatriée en Turquie, j’ai eu le réflexe tout naturel de peindre tout ce que je voyais.
La Turquie m’offrait de plus un art magique, l’art traditionnel de la miniature turque. Magique car cet art là est tel le conte, narratif. Contrairement à la miniature persane qui se plaît à enluminer de magnifiques scènes pastorales ou illustrer les amours des couples mythiques du monde persan, la miniature turque, elle n’avait qu’un but avoué ; magnifier le règne du Sultan Ottoman. Ainsi de sa circoncision à celle de son fils, des cérémonies de mariages, en passant par les conquêtes, les villes levées, les scènes de chasses et les grandes fêtes, toute la vie du Sultan était consignée, puis illustrée par les nakkaş, les peintres miniaturistes dont Orhan Pamuk aura si bien décrit le monde dans son roman Mon nom est rouge.
İl ne me restait plus qu’à "magnifier mon règne de femme loin de chez elle".
Ainsi cet art coloré et naïf, s’offrait à moi avec ses couleurs franches, gaies et osées aux sols roses et ciel or, avec sa légèreté dans la non-utilisation des proportions, dans son art de casser la perspective et je pourrais à loisir raconter à mon tour un peu de ce que j’avais envie de raconter sur mon expatriation.
C’était sans doute plus pudique de raconter la vie des sultans que de raconter la mienne, mais dois-je cacher que lorsque j’ai préparé mon exposition sur la vie du Prince Djem, nommé Zizim , ce prince fils de Mehmet Fatih le Conquérant, exilé 14 ans en Europe dont 7 en France, à Guéret dans la Creuse, finalement je me "transposais" sans doute un peu beaucoup dans ce que je peignais ?
Lorsque j’eus fit le tour "historique" du pays que je choisissais pour y vivre, je décidais d’y ajouter une dimension plus ludique, vint alors la période de la miniature pour les enfants, illustrations avec la technique de la miniature dans deux albums jeunesse dont j’étais l’auteur-illustrateur Les bateaux à vapeur de Nina et Istanbul de Nina
Aujourd’hui que mon "expatriation" a mûri pour ne faire qu’une mignonne synecdoque je décide tout simplement de partager avec tous ceux qui le souhaitent un peu des couleurs de la ville où j’ai décidé de vivre depuis maintenant 25 ans, je continue à peindre les couleurs d’Istanbul à réaliser miniatures et gravures et j’ai crée ce blog couleurs d’Istanbul pour donner une touche de couleur turque au quotidien de ceux qui veulent y voyager un peu.
Istanbul, Constantinople, ville à cheval sur deux continents, ville mystère, ville pièges en aura ensorcelé plus d’un. Allez-donc savoir pourquoi.
Je crois que peindre est sans doute la meilleure façon de décrire ce mélange subtil de nostalgie et d’attachement nouveau à l’expatrié.
Sabine Buchmann