La patience est sans doute la plus grande vertu de l’araignée qui tisse inlassablement sa toile sans même se reposer. Mais ceux qui savent qui elle est en réalité ne la tue jamais, plus particulièrement du côté de la mer Egée près de Smyrne (Izmir)
Dans un petit village près d'Izmir vivait une jeune et très belle fille. Mais la jeune fille, en plus de sa beauté avait de l'ardeur et tissait chaque jour des kilims et des tapis chatoyants qu'elle ornait de jolis petits insectes et de fleurs si bien que ses tapis étaient réputés dans toute la contrée.
De même, elle cousait, brodait, filait, crochetait, tricotait et le moindre fil passant entre ses doigts devenait une merveille. De loin comme de près l'on venait au village juste pour la voir filer ou pour contempler son travail.
Dans la même région, une femme plus âgée était elle aussi célèbre pour son travail, un jour qu'elle montrait avec fierté son dernier ouvrage un badaud lui dit :
- Sais-tu que ton ouvrage est presque aussi beau que celui-de la jeune fille du village de derrière les collines ? N'as-tu vu ses doigts d'or et les merveilles qu'elle file ?
La vieille ne voulut croire un mot de ce que disait cet homme.
- Pauvre fou, il est impossible de filer mieux que moi. Je suis depuis plus de cinquante ans la meilleure fileuse et tisserande de la région ne le sais-tu donc pas ?
Le badaud ne répondit pas, mais l'expression qui passa sur son visage laissa la vieille perplexe et le lendemain à l'aube, elle eut une idée : elle proposa un concours.
Puisque vous prétendez qu'une jeunesse file, coud, tricote, crochète, et tisse mieux que moi, allez donc lui dire qu'un grand concours est ouvert. Aux premiers jours de l'été, nous verrons bien laquelle de nous deux aura présenté le plus bel ouvrage !
La nouvelle fut vite donnée à la belle jeune fille qui sans se soucier, se contenta de finir le merveilleux tapis sur lequel elle travaillait.
Le premier jour de l'été son tapis ; brillant de soie était comme un enchantement, on y voyait des cygnes, des arbres et des fleurs qui y contaient la beauté du printemps. De toute la contré des milliers de gens vinrent admirer cette merveille et déclarèrent la jeune fille vainqueur.
Mais dans les contes, les vieilles femmes jalouses ont souvent de vilains pouvoirs et la vieille qui était en réalité une sorcière en avait bien, en voyant le tapis merveilleux de la jeune fille elle fut si jalouse, si jalouse qu'elle lui jeta un sort et la transforma en araignée avant de disparaître de la contrée pour toujours.
Depuis ce jour on ne tue pas l’araignée qui tisse, tisse sa toile en mer Egée.